Retour d'emplettes...

Vlad n'avait pas pu se nourrir la veille, car il était resté trop longtemps avec Lucius, et car Vladislav l'avait trop vite rappelé. La faim était vraiment immense. Il se balladait donc sur les bords de Seine, quand il eut une surprise de taille : l'homme avec lequel Lucius parlait hier se trouvait en face de lui, la besace pleine de livres.

*Il serait amusant de faire un peu connaissance... Allons-y.*

"Salutations jeune homme. Vladimir Schenker, aristocrate égaré, pour vous servir. J'ai cru voir que vous aviez acheté un exemplaire du Codex Dagonensis, et je voulais savoir s'il me serait possible d'y jeter un coup d'oeil rapide..."

L'attirance de Vlad pour le vieux livre était réelle. Il avait entendu parler de ce livre par Vladislav... C'était un livre rare et précieux, qui contenait des secrets que nul ne devait révéler, mais auxquels Vlad s'intéressait particulièrement.

Marion stoppa net lorsqu'une voix s'adressa à lui. Jetant un oeil alentour, il finit par appercevoir un homme blond qui lui sembla vaguement familier.

*Le type d'hier...*

De fait, il s'agissait bel et bien de l'homme que Marion avait vu, la veille, discuter avec Lucius au bas de chez lui. comme quoi le hasard...

Sans lui laisser le temps d'en placer une, l'homme se présenta comme un "aristocrate égaré" et, sans autre forme de procès, demanda à jeter un oeil sur l'un de ses livres. D'instinct, Marion ramena sa besace sur son ventre, protégeant ainsi à la fois les livres et ses organes vitaux.

"Puisque vous semblez vous y connaître un peu en livres, vous devez savoir que le Codex n'est pas un ouvrage à mettre entre n'importe quelles mains. Par conséquent, je pense que vous ne m'en voudrez pas si je vous refuse la faveur que vous demandez, du moins pour le moment."

Marion restait poli, mais son petit sourire avait disparu et son visage, sans être froid, restait neutre. Par ailleurs, il ne donna pas immédiatement son nom à son interlocuteur, ne sachant si la conversation se pousuivrait ou non, ni comment elle se poursuivrait...

Le jeune homme repoussa une mèche de cheveux échapée de son catogan derrière son oreille et rabattit un pan de sa cape de toile brune par dessus sa besace, dissimulant ainsi ses livres.

"En effet, je le comprend. Je crois savoir que vous êtes une connaissance de mon ami Lucius, n'est-ce-pas ? Il m'a parlé de votre conversation à la librairie."

*Tu as été trop direct mon petit Vlad. Il va falloir bien te débrouiller pour rattrapper le coup. Et quoi de mieux pour ça que de savoir ce à quoi il pense ?*

Vlad activa son pouvoir télépathique. Ainsi, il saurait à quoi le jeune Marion penserait pendant leur conversation, et saurait quoi faire pour s'attirer la sympathie de l'homme, sans éveiller le moindre soupçon. Après la réponse de Marion, Vlad proposa immédiatement :

"Que diriez-vous de parler littérature à mon manoir, autour d'un verre ou d'un dîner ?"

Vlad n'avait pas oublié d'utiliser son accent, afin de faire passer sa rudesse pour un trait de caractère étranger.

"Ah, vous êtes amis?"

Marion n'en avait pas vraiment eu l'impression la veille. Certes, il se disait qu'ils devaient se connaître, mais la façon dont ils s'étaient comporté ne lui avait pas laissé penser qu'ils aient pu être amis... Néanmoins, le jeune homme ne dit rien. il se contenta de se faire une note mentale pour poser la question à Lucius la prochaine fois qu'il le verrait.

Puis Vladimir -puisque tel était son nom, lui proposa de dîner dans son manoir en sa compagnie. quoique talonné par la faim, Marion hésita. Inviter un inconnu dans sa maison, ou il savait pourvoir trouver plus d'une cinquantaine d'armes blanches affutées comme des rasoirs et prêtes à se planter dans le dos de l'adversaire potentiel était une chose. Accepter d'aller chez un inconnu en était une autre.

Le jeune homme vérifia mentalement son équipement. Une dague dans chaque botte, un coupe papier aiguisé dans la poche de sa besace, une courte pointe d'acier dissimulée dans sa ceinture... Sans compter les nombreuses armes que les nobles accrochaient généralement aux murs de leurs demeures et les couteau du dîner, ajoutaons encore à tout cela les objets tels que les lustres, chandeliers et autres...

Jugeant qu'avec tout cela, sa sécurité était assurée, Marion se décida à accepter l'offre.

"Pourquoi pas. Il est vrai que j'ai assez faim, et qu'un dîner ne serait pas de refus."

Le jeune libraire ne fit pas de remarque concernant le fait qu'il n'était guère prudent, pour un noble, d'afficher clairement son ascendance en pareille période. Après tout, Monsieur Schenker semblait bien assez grand pour prendre lui même soin de sa sécurité.

"A propos, je ne me suis pas présenté. Dit Marion ent tendant la main pour que Vladimir la serre. Marion Desflandres."

Si Marion avait pu sentir le pouvoir télépathique de Vladimir, il n'aurait pas mentit sur son nom... Mais ce n'était pas le cas, et Lucius -pensait-il- ne pouvais pas démentir...

*Alors comme ça on veut interroger Lucius ? On va arranger ça...*

Vlad pensa rapidement à informer Lucius qu'ils étaient censés être "amis" et il savait que cette pensée n'était pas tombée n'importe où. Dans l'esprit de Vladislav, qui les surveillait sous la forme de chauve-souris.

*Tu me laisses toujours les sales boulots Vlad. Demain c'est moi qui m'amuse* avait pensé Vladislav en s'envolant.

Quand Marion pensa aux défenses qu'il avait sur lui, Vlad se retint de sourire. Rien de cela ne serait très utile au jeune homme, si jamais il voulait s'attaquer à Vlad. Mais, de toute façon, Vlad ne lui donnerait pas de raison de se défendre. Il avait simplement pour but de se faire de cet humain un ami, et pas un repas...

"Alors, veuillez me suivre, je vous emmène à ma demeure."

Quand Marion tendit la main, Vlad la serra. Il savait que le contact serait étrange, car son corps était froid. Mais il avait déjà prévu quoi répondre en cas de question. Il n'appréciait par contre pas que l'on lui mente sur son identité. Mais, il faisait de même, alors il ne pouvait rien reprocher au jeune Marion.

"Mon manoir est dans les quartiers nobles. Il fait partie de ceux qui ont su résister aux assauts de la population énervée. Sans doute car ils savent qu'ici je n'ai aucun pouvoir. J'appartiens à la noblesse de Valachie, voyez-vous ?"

Marion acquiesça et emboita le pas à Vladimir. Le jeune homme se doutait qu'il y avait anguille sous roche: quand on connaissait la valeur du livre qu'il avait acheté, on se doutait facilement que si Vladimir avait déja abandonné l'approche frontale, c'était soit par stupidité -ce qui ne semblait pas être le cas- soit au profit d'une stratégie plus fine.
Mais, dans l'immédiat, tout ce que désirait l'humain c'était manger. De préférence quelque chose de chaud et nourrisant, évidemment.

Le contact de la main de Vladimir rappela à Marion celui de Lucius: ils avaient tout les deux les mains glacées. Quelque peu naïvement, le jeune homme se fit la réflexion que les deux hommes auraient eu une bonne idée en s'achetant des gants.

"Bien... Messires, je vous suis."

Tout en prononçant ses mots, Marion écouta l'explication de Vladimir concernant ses origines, et s'en satisfit. Ce qui était amusant, avec les maoirs, c'était leur taille. Voir tant de place utilisé pour si peu de gens l'avait toujours à la fois profondément fasciné et agacé. Il était curieux de voir quelle taille ferait la demeure de Vladimir...

[Je te laisse démarrer le sujet au Manoir]